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Ci-joint un texte à l'état d'ébauche
sur lequel vous avez la possibilité de réagir, compléter,
pour lancer un débat, expliciter des problèmes qui
méritent de se discuter.
Le même état d'esprit : paradis ou enfer
artificiel d'une société en tourmente ? Franck Gauthey
Projet d'article Brouillon au 23.02.04 Version non
terminée
Crise, chaos, turbulence, mondialisation/ altermondialisation,
déclin/ croissance, les termes ne manquent pas pour décrire les
années angoissantes que nous subissons, et qui devraient nous accompagner
pour probablement encore longtemps. Sur le plan symbolique, indifférenciation
: pertes des repères et de sens, évanouissement du grand " Tiers
", celui auquel rendre compte, et sur le réel : exacerbation de
la concurrence, divorce marqué entre capital et travail, désagrégation
sociale (atomisation et fusion communautaire), violence sociale
sous des formes nouvelles, précarisation de l'emploi, réduction
des espaces de démocratie participative, des espaces possibles de
changements réformés, érosion des classes moyennes… les nouvelles
ne sont globalement pas très bonnes pour l'humain dans les transformations
du capitalisme actuel, même si celui-ci s'habitue sans s'en rendre
compte à un monde plus dur depuis " l'horreur économique " décrite
Vivianne Forrester, il y a une dizaine d'années.
Le désinvestissement vis à vis de l'entreprise,
le cocooning, le replis sur soi ou la famille ont été des tendances
sociales marquantes ces dernières années, alors qu'émergeaient sur
le plan politique des demandes sécuritaires croissantes, que certains
bestsellers par exemple sur le harcèlement moral traduisaient une
conscience plus aigue de la souffrance sociale, ressentie également
à travers la charge accrue du système médical et social, les tensions
à l'Ecole… Ces ruptures ont largement été commentées, des mouvements
d'opinions émergent en contrepoint, pas sûr que le lien global soit
fait. Elles ne touchent pas que le rapport aux institutions ou les
secteurs de la vie sociale comme l'on montré différents auteurs,
mais c'est bien aujourd'hui la notion de … sujet comme l'a montré
le psychanalyste D R Dufour qui est mise en cause, et ce n'est pas
rien : l'environnement mental, les modèles mentaux explicites et
implicites, le rapport à autrui. Perdre son emploi, sa maison, sa
famille, son lieu de résidence, à des moments divers de l'existence,
cela se conçoit mais lorsque, ce dont il est question est… l'Etre,
la plus grande intimité, lorsque le grignotage est incidieux, que
le débat est absent, mesure t-on le prix ?
Dans ces bouleversements, les limites d'actions
du politique, du fait de la mondialisation économique, ne doivent
cependant faire oublier que ce sont les grands pactes sociaux qui
sont ébranlés, y compris les bases du pacte Républicain, ce contrat
entre l'individu et la société garanti par l'Etat Laïc. Ces craquements
et ce n'est pas la première fois dans les changements sociaux se
traduisent par un retour à des formes plus archaïques, retrait de
la Loi (mais croissance du juridisme), basculement vers des formes
plus communautaristes, retour au féodalisme, ceci pendant que les
responsables continuent à peindre en public des thèmes réformistes
de " projets ", " contrats ". Ces formes si elles protègent pendant
un temps, sont comme le montrent les maffias, plus arbitraires,
la loi rendue par un groupe repose sur des processus aléatoires
complexes ou le principe du bouc émissaire n'est pas absent. Quant
au féodalisme, il conduit à l'exploitation directe ou indirecte
de l'individu, par un ou des individus et les institutions. Le mélange
des deux évoque le système Japonais, qui s'est certes illustré dans
ses capacités de production, d'excès parfois…, et dont l'essai romancé
d'Amélie Nothomb 'Stuppeurs et tremblements' rend compte, pour ce
qui concerne la dernière tendance émergente : le sadomasochisme
auquel il faut rajouter les deux précédentes. On peut s'interroger
sur le cocktail individu/communauté, pouvoir, sexuel, auxquels certains
ajoutent du spirituel, d'autres le travail, le marché…Tout en un,
de quoi produire mieux qu'une ou des sectes fanatiques ! Efficace,
pour qui ? pour combien de temps ? Mais à quoi dans l'histoire cela
ressemble t-il… ? Cela en produira t-il les mêmes effets ?… Le problème
n'est-il pas suffisament préoccupant pour rester figé dans une loi
de silence.
Parallèlement se sont développées ces dix dernières
années des modes de relations sociales sur lesquels la société reste
étrangement muette, sauf quelques timides essais de psychanalystes,
des allusions parfois fort indirectes dans les grands médias, et
c'est pas facile tant le processus s'avéra inféodant, ancré sur
la loi de silence bouclé dans un " secret-taire ". On entend toutefois
traîner le mot " même ", à toutes les sauces et son cortège légendaire
de confusions, parfois on évoque des " tendances sociales modernes
" auxquels il faut s'adapter… faute de se retrouver au chômage,
tout ceci à l'époque de " c'est mon choix "… mais on nommera pas
toujours lequel… Certains psychanalystes évoquent plutôt le sujet
" psychotisant post-moderne ". Quelle est donc la norme dans notre
société d'aujourd'hui ? Des adeptes semblent y avoir trouvé à défaut
de bonheur, du " plaisir " à ce qu'ils disent, une notion certes
plus restrictive, de la promotion sociale au travail, du " financement
", (qui se prononce d'ailleurs d'une manière entendue), autant de
petits conforts qui ne sont pas sans importance dans cette triste
époque, un peu tout ce qu'il faut pour survivre au capitalisme actuel,
mais à quelles conditions ? Nous y répondrons plus tard.
Dans le monde anglo-saxon, toujours plus pragmatique,
les sites internet sont nombreux, les ouvrages foisonnants depuis
une vingtaine d'années rassemblées sous le vocable Memetic, il y
a une journal, une société. En Français, rien semble t-il. Qu'est-ce
qu'un meme ? pour Glen Grant, c'est une forme d'information contagieuse
qui se réplique de manière parasite en infectant le cerveau humain
après avoir modifié leur comportement, leur causant de propager
la " pattern ". Les références sont très marquées par la biologie,
l'évolutionisme, certains titres traduits en Français sont inquiétants
: Le principe de Lucifer , aussi épais que les tomes d 'Harry
Potters. Le terme de meme aurait été inventé par Richard Dawkins,
zoologue à Oxford, lors d'un ouvrage souvent cité le gène égoiste
publié en 1976. Pour d'autres auteurs, les memes sont des sortes
de " gènes " de cultures ou de programmes cognitifs du cerveau,
ils contrôleraient nos pensées. Ils se répliquent et se diffusent
par eux mêmes, on ne peux y échapper mais on pourrait encore choisir
consciemment les memes qui nous gouvernent… En bricolant la communication,
il serait possible d'infléchir le comportement d'autrui, voire son
scénario de vie… Certains memes seraient généreux, d'autres le seraient
moins… On se croit transporté en pleine science fiction et pourtant
?
S'agit-il des mêmes memes ? Depuis une dizaine d'années,
on entend effectivement ce terme de même un peu partout. Il y a
quelques temps, je faisais une course dans une boutique de diététique
dans une ville moyenne de Bretagne, une dame de la quarantaine commençait
à raconter sa vie, elle voulait une teinture pour se teindre les
cheveux, qui avaient commencés à blanchir depuis l'age de 16 ans.
La vendeuse et sans doute propriétaire du magasin lui indiqua, un
produit, que la cliente reconnue comme celui qu'elle prenait depuis
longtemps, mais elle lui indiqua qu'elle devait acheter aussi un
autre produit en plus, sur l'unique argument et explication que
c'était le meme (dit d'un ton entendu) laboratoire qui le produisait,
la cliente semblait impressionnée, troublée, elle acheta. Je me
suis dit que d'un point de vue des techniques de vente, c'était
très efficace.
Mais le même quoi ? Un état d'esprit qui aurait
ses codes, ses savoirs, sa culture, préférerait ce qui ressemble
à soi, donc s'ancrerait dans une problématique narcissique. On y
observe étrangement une non-communication verbale (à l'époque d'internet),
çà ne se parle pas, d'emblée intersurbjectif, télépathique, identique.
On observe la ritualisation des rapports et des petits signes auxquels
il faut impérativement répondre (les " téléphones portables ", les
" montres ", les " toilettes " et autres mots-clés à annoner comme
un perroquet), le clivage du moi (moi est plusieurs, dit " autre
niveau d'organisation " mais une partie à l'air d'ignorer l'autre…
en un siècle Dr Jeckyl et M. Hyde, ont réussit à quitter leur statut
de fiction, pour passer au réel, qu'en sera t-il lorsqu'on arrivera
à Alien ?). On observe aussi la pression de conformisation comme
tout être, " devient semblable à moi- même ! ", sinon ça se paye,
le clou qui dépasse est enfoncé. La tyrannie du plaisir, mot qui
revient à beaucoup de sauces, mais sont-ils aussi joyeux ? Le rejet
de l'élaboration, de ce qui individualise, de la culture (sauf sous
des formes figées, mais gageons que ce sont les premières lettres
qui importent pour beaucoup), la valorisation du cynisme (rien n'a
de sens dans la vie, hormis la jouissance perso, le pouvoir, c'est
triste, alors mieux vaut y prendre plaisir…(ton mortifiant)...gloups!),
l'instrumentalisation de la communication avec autrui (comme au
jeu d'échec toujours prévoir deux coups d'avance, rapidement les
concepts de coaching de PNL, de marketing communication, de service
y sont copieusement intégré, çà donne des conventions de communication
dignes de techniques de vente, qui se terminent " avec un petit
chocolat… ", le plus client, devinez lequel…). Il faut apprécier
le risque (là aussi il y a des manières de prononcer, laisser filtrer
l'excitation …) et surtout ne pas trop s'impliquer dans une relation
(comme les sparadras il faut enlever vite pour ne pas subir la douleur),
visiblement aller toujours vite ( la formule 1 est mieux que la
2cv) ? Révérer les puissants, " écrire au président ", humilier
les humbles, parfois les secourir dans des missions " humanitaires
", avec si possible " un petit chocolat en retour ", l'acte gratuit
n'est pas rendre service. On y observe une valorisation de thèmes
darwiniens de survie, la fin justifie les moyens, une vision binaire
domination ou soumission, une valorisation de l'humiliation, d'étranges
mélanges entre réel, symbolique et imaginaire. (on semble y révérer
beaucoup les formes pointues et allongées, fétiches qui réjouissent,
signifient tant d'amour… comme les épées, les missiles...). La circulation
d'information en réseau est très rapide, on est toujours étonné,
se brancher rapidement, et toujours " élargir les marchés ". Lorsqu'on
essaye de parler avec l'interlocuteur sur ce que l'on a vu, " on
ne voit pas ce dont on veut parler ", ou alors on peut décoder un
langage très implicite désynchronisé sur la communication. On pourrait
croire que ces us et coûtumes s'appliquent à un univers masculin,
on y observe beaucoup d'hommes mariés avec progéniture, beaucoup
de jeunes, des moins jeunes, des femmes aussi, des personnes qui
auraient reçu... la " Lumière ". En cas de crise, on observe des
basculements entre des styles de communication " terminators " dits
" surpuissants " ou encore "ado frimeur prétentieux" qui
peuvent basculer en "bébé pleurnicheur boudeur impuissant"
qui " se tire "… et entre les deux extrêmes, il n'y a rien, on se
demande pourquoi? mais rassurez-vous on vous fera payer dans tous
les cas! On dit aussi que vous ne pouvez pas y échapper, on plaisante
sur le thème de la série " le prisonnier ", " je ne suis pas un
numéro, un homme libre… " commentaire : " c'est ce qu'on croit au
début ", des propos entendus d'un cadre dans un séminaire de " diagnostique
de management " dans une multinationale… la régression n' est pas
un vain mot.
Toutes les caractéristiques qui sont rassemblées
ici peuvent sembler manichéennes, rassemblées avec dérision, elles
cachent cependant ce qu'elles peuvent faire endurer à autrui, le
carcan dans lesquelles elles peuvent enfermer. La notion harcelèment
n'est pas impertinente, mais quelles sont les origines ? De quoi
s'agit-il donc ? La part d'ombre, une part diabolique, jadis refoulée
? D'autres qualifieront ces remarques de " très unifiées ", " obscessionnelles
", pour ne pas dire " paranoiaque ", produit d'un esprit " fermé
", par opposition à quelqu'un " d'ouvert "…quel programme de réjouissances
!, bref les réponses sont prévues, d'autres poseront encore que
cela s'applique qu'à une part très circonscrite et limitée de la
vie privée et pas ailleurs, d'autres souligneront qu'il ne s'agit
là que de " simulacre ", de " faire semblant ", que ces conventions
cachent une altérité, une solidarité authentique. Qui retourne qui
?
Leur généralisation et imposition de norme sous
une forme souvent musclée, d'autant plus que nombreux pouvoirs s'appuient
dessus, (ils auraient bien tord de se gêner ceux-là !), cela veut-il
pour autant dire qu'il ne faut pas interroger ce qui se passe et
mettre des limites ? Surtout lorsque l'intégration au travail et
la survie individuelle est en jeu? Ne rentrez pas dans le moule,
vous êtes exclus dans certains métiers, des métiers ordinaires,
nouvelle forme exacerbée de corporatisme, avec des gens tout à fait
convenables, harcelés dans certains quartiers de certaines villes.
Ce masque qui ne serait qu' " à choisir ", finit-il par grignoter
l'ensemble de la personnalité ou a t-il d'autres effets ailleurs
dans la personnalité?… contrairement à ce qui est revendiqué par
les individus qui pensent maîtriser l'imaginaire glauque dans un
seul compartiment de leur personnalité. Au contraire, ce type d'expérience
aux limites donne t-il plus de lucidité sur la nature humaine ambiguë,
la complexité des phénomènes de pouvoir donc une compréhension plus
grande, plus de sagesse pour l'action ?
Quelles sont les apports des sciences humaines ?
Domaines qui ont accompagné l'humanité depuis quelques millénaires,
la psychanalyse depuis un siècle, que certains qualifieront de "
ringarde ", des savoirs qui n'ont su, qui n'ont pu éviter toutes
les barbaries du XXième siècle en Europe, mais qui ont permis en
leur temps, à certains auteurs de relever la montée de grandes tragédies
à venir. Ainsi, le simulacre de type " sadomasochiste " implicitement
présent dans ce que nous décrivons, permettrait-il d'éviter le passage
à l'acte dans la réalité sociale?… ce que fût le Nazisme en son
temps, car c'est bien de cela dont il s'agit. Les descriptions des
phénomènes constatés ne manquent pas dans certains ouvrages et colloques
de psychanalyse. Dans quelles limites peut-on extrapoler la psychopathologie
individuelle de la perversion, du narcissisme, de la psychose pour
rendre compte de ces phénomènes collectifs en cours aujourd'hui
?
Dans un de ses derniers ouvrages, Malaise dans
la Culture, rédigé en 1929, mais publié après sa mort, Freud,
traita en partie du moi, narcissisme, de la haine. Recherche de
la pureté (race, croyance, idéologie…), épuration, purge, purification,
l'impur est à cracher, à détruire, effectivement quinze ans plus
tard, les nazis appelaient Auschwitz, " l'anus de l'Europe ". Cette
régression au stade sadique-anal est bien à l'œuvre de nos jours,
plus érotisée, il ne s'agit peut-être plus, pour le moment, de détruire
physiquement l'impur ou le récalcitrant, mais de le faire " expier
" dans un sens plus sadomasochiste, porter une souffrance morale,
empêcher de travailler, de vivre, de socialiser, jusqu'à ce qu'il…
? s'autodétruise lui-même ? devienne un bourreau à son tour et rentre
dans le système ?
D'autres phénomènes ont été relevé, en particulier,
le clivage, les personnalités multiples en quoi l'individu dit "
bien sous tout rapports ", bascule dans un dit " autre mode d'organisation
" pour se livrer à des actes qu'il clamerait rejeter dans son masque
" bourgeois ". L'américain Hillel Schwartz, à réalisé deux ouvrages
intéressants sur les fins de siècles dans les années 1990, il aborde
le développement des personnalités multiples aux Etats-Unis liées
aux périodes qui réflètent potentiellement la mort des sociétés.
Le clivage serait selon lui une stratégie pour maximiser la jouissance
et éviter le sentiment de fin. De l'autre côté de l'Atlantique,
en Europe, on partage moins cet intérêt pour la pathologie de "
personnalité multiple ", de même le clivage n'est pas décrit comme
fondamentalement anormal. Le mécanisme de clivage serait avant tout
une défense, favorisant une régression pour éviter la souffrance,
l'angoisse, la dépression en rapport à toutes les turbulences sociétales.
En mêlant agressivité, haine et libido, la dépression est évitée
ainsi le sujet semble ne pas souffrir, continuer à se battre socialement,
être productif (ce dont le capitalisme a bigrement besoin), la souffrance
sera transformé en agressivité sur autrui, quitte à le vampiriser,
le décérebrer (ce qui est pire, lui faire perdre ses repères, renier
ses valeurs). Certains sujets, l'hystérique en particulier fait
particulièrement bien l'affaire, d'autant plus qu'il est sensible
au regard d'autrui. Ceci peut marcher jusqu'à ce que le sujet craque.
Il ne s'agit pas là du pervers narcissique rare au demeurant fustigé
dans les livres sur le harcelèment moral, mais d'un phénomène relativement
banal dans lequel beaucoup peuvent tomber y compris des experts
en vue des relations humaines…mais beaucoup de gens attitrés par
le pouvoir et les projecteurs sans doute plus facilement.
Ces fonctionnements ne reglent en rien les problèmes
de médiation sociale par rapport à tous les changements sociaux
actuels. Les plus pervers, ceux qui retarderont la souffrance le
plus loin, tiendront à ce jeu-là plus longtemps, mais on peut imaginer
à l'avenir de gros dégats… Certes, courir plus vite que les autres,
et tomber au combat le plus tard, mais ? Certains petits groupes
tiendront peut-être et tireront leur épingle du jeu pendant un temps,
mais à quel prix ? Ce qui est étrange, c'est la bénédiction accordé
par des inttellectuels même des psy à ce modèle " tu as des problèmes
avec les religions " me dit un jour, une ancienne relation psychosio,
alors que je manifestai l'exaspération face aux agitations de… son
mari retraité.. ; Ah bon, une religion? On entend en parler
comme d'une rentrée dans les ordres religieux, rencontre de dieu
ou du diable… ? il semble que l'on puisse parler de phénomène de
transe, de "lumière" qui occure dans un processus de régression
à des stades plus archaîques, la raison semble se déconnecter partiellement
surtout si comme dans les sectes des groupes interviennent pour
introduire un symbolisme fallacieux ancré sur du plaisir, avec des
interprétations retournées, sans doute peut-on ainsi placer dans
des illusions, des paradis artificiels.
L'inacceptable, le danger pour la démocratie, la
violation des droits individuels, et on peut parler de formes totalitaires,
c'est la manière dont des groupes, sans présenter des règles du
jeux claires, explicites, harcèlent des individus, les manipulent
vis à vis de leur entourage, les isolent socialement pour développer
de l'emprise, développement des chantages sur l'accès aux places
professionnelles et l'insertion professionnelle (rentrer dans le
moule, être inclus, refuser l'exclusion ou l'expiation), décérèbrent
(agressent sous des formes implicites, bousculent les repères identitaires
et leurs valeurs, retournent les situations, envahissent d'injonctions
contradictoires), polluent avec des formes de communication standardisées,
menacent (si vous ne rentrez pas dans le jeu, vous payerez et de
toutes façons vous y serez exposé de nouveau), interdisent une communication
transparente sur le sujet. Le processus commence à être reconnu,
mais il est difficile de se défendre, et quasi-impossible à prouver
dans d'éventuels procès. Une des possibilités est de démonter le
processus, les codes, les sortir du secret, communiquer sur les
dangers, avertir sur les formes de manipulations de manière à rendre
chacun non dupe. Mais il est à remarquer que ces sujets adorent
attaquer des sujets plus fragiles, dépressifs (en leur faisant croire
qu'ils sortiront de la dépression par le plaisir qu'ils apporteront
c'est à dire par la régression au stade pervers), sensible au regard
d'autrui, expressifs sur le plan de la communication et précaires
sur le plan social. Ils n'ont que peu de culpabilité, la victime
est le plus souvent théorisée comme " masochiste ", la faire expier,
c'est la guérir, moderne forme d'exorcisme ? Ces groupes adorent
utiliser les médias pour faire passer une communication à autrui,
l'idée est de faire croire au sujet qu'il est au " centre ", que
tout converge vers lui, et de jouer ainsi sur une faille narcissique.
Cela se passe le plus souvent après une phase d'agression qui vise
à faire régresser le sujet, puis placé par la suite au " centre
", bombardé de codes memes qu'il entend un peu partout, il peut
ainsi franchir un type de transe qui associe narcissisme et sexualité.
Le groupe se charge par la suite de conditionner l'apprenti. Il
n'y a peu de communication de qualité et en fait assez peu de convivialité,
la relation est assez vide (c'est pour cela qu'il faut toujours
du " sang neuf "), l'angoisse, la souffrance sont déniées, des mots
comme " violence " sont peu à peu banalisés, la relation
est recadrée au niveau de pulsions partielles. Ainsi, le sujet est
pris dans une relation de dépendance qu'il sait fragile, illusoire
qui donne pas de réelles de satisfaction mais il est obligé de continuer
dans la fuite en avant. Outre, ces illusions " d'Europe " qui ne
peuvent conduire qu'à une souffrance croissante, la fragmentation
du moi n'a rien de très plaisant, les risques dans ces principes
de branchement immédiat avec tout le monde, le risque avoir à faire
à des sujets très déstructurés et toxiques, auxquels s'ajoutent
les conduites à risques sexuelles, dans lesquelles le jeu, le fantasme
avec les transmissions de maladies ne sont pas sans incidences.
Certains sujets perturbés s'amusent à inciter aux conduites à risques,
si souffrance = plaisir et que vie = mort, alors, et cela fait froid
dans le dos, quel beau cadeau et preuve d'amour que de transmettre
celui qui a été reçu, un stade ultime d'initiation pour celui qui
le reçoit et de transformation, de régression de sa condition physique
vers l'inerte, le déchet. Ces derniers cas sont heureusement assez
rares, mais ils illustrent le danger des modèles sans limites, que
rien n'arrête, construits sur la perversion et le degré de préjudice
qu'un individu peut subir en cascade qui atteint des degrés de violence,
qui se payent dans d'autres cadres en dizaines d'années de prison
ferme. Comme l'a montré Janine Chasseguet-Smirgel , ce système mortifer
fonctionne comme un tube digestif qui absorbe, désindividualise,
indifférencie, au cours de la digestion pour rendre meme, puis d'éjecter
à l'état de déchet, il prend place dans des périodes sociales de
mutation, de mise en place d'un ordre nouveau. Bref, il apparaît
que ce système comporte une dimension destructive, pour une part
criminelle. Seule sur le long terme, une qualité de la relation,
de la communication qui intègre les désirs différents de chacun,
peut prouver s'il y a quelque chose d'authentique, de vrai dans
la relation. La probabilité que cela se fasse dans le cadre d'une
relation basée sur le meme, sur une illusion ou une recherche de
l'identique serait à évaluer. Qu'est ce qui a été gagné ? perdu
? Que peut-on proposer ? En rapport, à ces modèles qui pronent la
" réduction des têtes ", la régression, des paradis artificiels,
qui sont par essence manipulateurs, les promesses de plaisirs sont
si illusoires que l'on doit franchement y résister, c'est une question
de sauvegarde de patrimoine universel, la liberté, la culture, le
questionnement intellectuel… tout comme il est un devoir humain
de résister à toutes les formes de totalitarisme et de manipulation,
quel qu'en soit le prix avant qu'une autre fiction celle de Georges
Orwells, 1984, ne devienne réalité. Sans doute, des boulversements
sociaux sont en cours, toutefois ceux-ci peuvent être accompagnés
de manière démocratique, en limitant la manipulation, les savoirs
existent pour cela. La fin ne peut justifier les moyens, l'homme
n'est pas une marchandise, l'argent n'est pas un dieu..
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